7 min

L’UE s’attaque aux micro-colis: l’e-commerce low-cost sous pression

Le commerce électronique connaît une croissance spectaculaire dans l’Union européenne, notamment avec l’augmentation massive des importations de biens de faible valeur. En 2024, environ 4,6 milliards de colis d’une valeur inférieure à 150 € ont été importés, soit près de 12 millions de colis par jour. Ce volume a doublé en seulement un an, mettant une pression sans précédent sur les infrastructures douanières et logistiques européennes.

La majorité de ces colis provient de Chine, représentant 91 % des envois de faible valeur. Cette dynamique soulève de nombreux défis pour l’UE, tant sur le plan économique, sécuritaire qu’environnemental. Face à cette situation, la Commission européenne a décidé de prendre des mesures fortes afin d’encadrer ce flux croissant et d’assurer des conditions de concurrence équitables pour les acteurs européens.

Une explosion des micro-colis importés de Chine

Le phénomène des micro-colis est devenu un véritable défi pour l’Union européenne. Avec près de 4,6 milliards de biens importés en 2024 à faible valeur, l’ampleur est sans précédent et les prévisions indiquent une poursuite de cette tendance. L’aéroport de Liège-Bierset, devenu un hub majeur de l’e-commerce, prévoit de traiter 1,4 milliard de colis d’ici 2025, illustrant bien cette croissance fulgurante.

La provenance majoritaire des colis est la Chine, qui fournit 91 % des envois inférieurs à 150 €. Ces produits bon marché inondent le marché européen, mettant en difficulté les entreprises locales qui respectent les normes strictes de l’UE. Cette concurrence déloyale fragilise le tissu économique européen et soulève des questions sur la qualité et la conformité des produits.

Outre l’impact économique, cette masse de colis engendre une pression considérable sur les infrastructures douanières, qui peinent à contrôler efficacement ces flux. Les autorités sont confrontées à des difficultés pour assurer la conformité aux normes européennes et garantir la sécurité des consommateurs.

Les enjeux économiques et environnementaux liés aux micro-colis

L’essor des importations massives de biens low-cost pose d’importants problèmes économiques. Les entreprises européennes subissent une concurrence déloyale face à des produits souvent moins chers et parfois non conformes aux règles européennes. Cette situation nuit au développement des PME locales qui respectent les normes de sécurité, d’étiquetage et de qualité.

Par ailleurs, le transport de masse de ces millions de colis chaque jour engendre un impact environnemental considérable. L’acheminement depuis la Chine génère une empreinte carbone importante, contribuant au réchauffement climatique et à la pollution. Ce point alerte les autorités qui cherchent à concilier développement du e-commerce et respect de l’environnement.

Les nuisances locales, notamment autour des infrastructures logistiques comme l’aéroport de Liège, soulignent également les conséquences sociales et environnementales de cet afflux. Bruit, pollution et saturation des espaces publics sont devenus des enjeux cruciaux à gérer.

La stratégie de l’Union européenne pour réguler le commerce électronique

Face à ces défis, la Commission européenne a proposé plusieurs mesures pour mieux encadrer les importations de faible valeur. Parmi les initiatives majeures figure la suppression de l’exonération des droits de douane pour les colis valant moins de 150 €, une règle qui favorisait jusqu’ici l’entrée massive de petits colis sans contrôle rigoureux.

En mai 2025, la Commission a également annoncé l’introduction d’une taxe de 2 € par colis pour financer les contrôles douaniers renforcés. Cette taxe vise principalement les grandes plateformes comme Shein ou Temu, responsables de l’expédition massive de produits bon marché vers l’Europe. Cette mesure devrait permettre d’améliorer la traçabilité et la conformité des produits importés.

Par ailleurs, la Commission renforce l’application des règles de sécurité des produits en utilisant des technologies avancées, notamment l’intelligence artificielle, les enquêtes mystères, et des tests systématiques pour détecter et retirer les produits non conformes du marché.

Le rôle des plateformes et les réactions des consommateurs

Les plateformes de e-commerce jouent un rôle clé dans cette dynamique. En facilitant l’accès à des produits à bas coût, elles contribuent à l’essor des micro-colis. Cependant, elles sont aussi au cœur des critiques concernant la responsabilité face à la conformité des produits et aux pratiques commerciales.

Les organisations de défense des consommateurs ont exprimé des inquiétudes quant à l’impact de la nouvelle taxe de 2 € par colis. Elles craignent que ces frais soient répercutés sur les consommateurs, augmentant ainsi le coût des biens importés, ou absorbés par les plateformes, réduisant leur capacité à offrir des prix compétitifs.

Renew Europe, groupe politique au Parlement européen, a salué la stratégie de la Commission, insistant sur l’importance de protéger les PME européennes qui respectent les règles et produisent des biens sûrs et durables. Selon eux, il est essentiel que les articles de faible valeur ne soient pas synonymes de produits non conformes ou de mauvaise qualité.

Initiatives nationales et appui du Parlement européen

Au niveau national, la France a adopté un plan d’action en avril 2025 pour renforcer les contrôles douaniers. Ce plan prévoit de tripler les prélèvements ciblés sur les colis e-commerce et d’instaurer une doctrine de contrôle à 360°, analysant simultanément la sécurité, l’étiquetage et les pratiques commerciales.

Le Parlement européen, par un rapport adopté en juillet 2025, a recommandé de mieux contrôler l’afflux de biens de faible valeur. Il souligne l’importance d’empêcher l’entrée sur le marché européen de produits dangereux ou non conformes, qui mettent en péril la sécurité des consommateurs et pénalisent les entreprises respectueuses des normes.

Ces initiatives montrent une volonté politique forte à la fois au niveau européen et national pour encadrer le commerce électronique, protéger les consommateurs et défendre l’économie locale.

Appels à des mesures urgentes face à une situation préoccupante

Des experts et institutions, notamment le Conseil central de l’économie en Belgique, ont lancé un appel à des mesures urgentes face à l’explosion des micro-colis. Ils réclament le renforcement des contrôles douaniers, la suppression des exonérations de droits de douane, la création d’un passeport numérique produit pour garantir la traçabilité, ainsi que des campagnes de sensibilisation auprès des consommateurs.

La situation à l’aéroport de Liège, devenu un symbole des excès de la mondialisation, illustre parfaitement ces enjeux. La responsabilité des pouvoirs publics belges est également pointée du doigt, car ils ont favorisé des investissements asiatiques sans anticiper les conséquences économiques, sociales et sécuritaires liées à cet afflux massif.

Un engagement plus proactif est donc nécessaire pour réguler efficacement le commerce électronique transfrontalier et limiter les externalités négatives associées.

En conclusion, l’Union européenne se trouve à un tournant important pour réguler le commerce électronique low-cost et les micro-colis. La croissance exponentielle de ces importations, principalement en provenance de Chine, pose des défis économiques, environnementaux et sociaux majeurs.

Les nouvelles mesures proposées, notamment la suppression des exonérations et la taxe par colis, ainsi que le renforcement des contrôles, visent à rétablir une concurrence équitable et à protéger les consommateurs. Toutefois, leur mise en œuvre devra être accompagnée d’une vigilance constante pour éviter des répercussions négatives sur les prix et l’accès au marché. L’équilibre entre ouverture commerciale et régulation sera au cœur des débats à venir.

Laisser un commentaire

Articles similaires

Découvrez d'autres articles qui pourraient vous intéresser

Besoin d'un accompagnement personnalisé ?

Nos experts sont là pour vous accompagner dans votre transformation digitale.

Prendre RDV Nous contacter