Le netlinking reste l’un des leviers les plus puissants du SEO, mais les derniers core updates de Google ont profondément modifié la manière dont les liens sont évalués. Entre intégration définitive du système « helpful content » au cœur de l’algorithme, nouvelles politiques anti‑spam et durcissement contre la création de contenus à l’échelle, les stratégies de liens artificiels sont plus fragiles que jamais.
Pour les référenceurs, la question n’est plus seulement de « faire des liens », mais de comprendre comment chaque mise à jour majeure , en particulier le core update de mars 2024, prolongé par les mises à jour de novembre et décembre 2024, puis les ajustements de 2025 , redéfinit la frontière entre netlinking légitime et manipulation. Cet article propose un décryptage de ces évolutions et des pistes concrètes pour adapter vos stratégies de liens dans ce nouvel environnement.
Comprendre le dernier cycle de core updates et son lien avec le spam de liens
Le core update de mars 2024 a marqué un tournant : Google y a intégré définitivement le système « helpful content » à son algorithme central et annoncé une réduction ciblée d’environ 40 % du contenu jugé peu utile ou non original dans les résultats de recherche. Cette refonte globale n’a pas été présentée comme une mise à jour « link‑centric », mais l’impact sur les profils de liens s’est fait sentir, car les signaux de qualité de contenu et de popularité sont désormais plus étroitement corrélés.
En parallèle, Google a publié de nouvelles politiques anti‑spam visant explicitement le « scaled content abuse », l’abus de réputation de site (parasite SEO) et l’abus de domaines expirés. Ces pratiques sont intimement liées à certains schémas de netlinking : PBN basés sur des domaines expirés, fermes de contenus AI générés à grande échelle, sous‑domaines ou sections éditoriales loués à des tiers uniquement pour y insérer des liens. Résultat : nombre de réseaux de liens qui profitaient de la tolérance relative de Google se sont retrouvés dans la ligne de mire.
Les updates suivants , core updates de novembre et décembre 2024, puis nouveaux ajustements de spam en décembre 2024 et 2025 , ont poursuivi cette logique : durcissement contre le spam de liens, les redirections abusives, le contenu automatisé et les niches monétisées à outrance (affiliation, coupons, comparateurs). Dans ce contexte, le netlinking n’est pas mort, mais ses modèles les plus industrialisés sont devenus beaucoup plus risqués.
Fin de l’impunité pour le contenu de masse et les réseaux de liens
Avec les nouvelles politiques sur le « scaled content abuse », Google ne se focalise plus uniquement sur l’automatisation, mais sur l’intention : tout contenu produit à grande échelle, humain ou automatisé, dans le seul but de manipuler le classement est désormais explicitement visé. Or, beaucoup de stratégies de netlinking reposaient justement sur la publication massive d’articles légers ou réécrits pour y placer des backlinks : annuaires rebrandés, blogs satellites, médias de faible qualité, etc.
Des analyses menées après le core update de mars 2024 montrent que des centaines de sites ont été désindexés, avec un point commun : une sur‑représentation de contenus générés par IA et de maillages de liens visant clairement à doper artificiellement l’autorité. Cela ne signifie pas que tout usage de l’IA est pénalisé, mais que les sites dont l’unique valeur est de servir de support à des liens sont devenus extrêmement vulnérables.
Les réseaux privés de blogs (PBN) et les fermes de liens basées sur des domaines expirés sont aussi dans le viseur. Google a précisé que la réutilisation de domaines expirés pour héberger du contenu de faible valeur destiné à booster le ranking constitue un abus, tant en termes de contenu que de signaux de liens. Les référenceurs qui s’appuyaient massivement sur ces tactiques voient aujourd’hui la volatilité de leurs positions augmenter, avec des baisses soudaines lors de chaque vague d’updates.
Site reputation abuse : la fin de certains placements de liens « faciles »
Un autre changement majeur pour le netlinking concerne la politique de Google sur le « site reputation abuse ». Le moteur cible désormais les contenus tiers publiés sur des sites à forte autorité (médias, institutions, portails) lorsque ces contenus sont peu ou pas supervisés par l’éditeur principal et créés principalement pour profiter de la puissance du domaine.
Concrètement, cela vise de nombreux schémas de netlinking basés sur des pages sponsorisées, des sections « partenaires », ou des sous‑domaines loués pour héberger des comparatifs, guides d’achat, ou test de produits, dont l’objectif réel est de transmettre du PageRank à des sites tiers. Après la mise à jour de novembre 2024, plusieurs grands médias internationaux ont ainsi reçu des actions manuelles et vu des sections entières désindexées.
Pour les annonceurs et agences, cela signifie que certains placements de liens historiquement sûrs , car hébergés sur des marques ultra‑fiables , sont désormais à haut risque si le contenu est pauvre, hors ligne éditoriale ou peu encadré. Les partenariats éditoriaux restent possibles, mais ils doivent être authentiques : contenu réellement utile, intégration dans la stratégie éditoriale du média, transparence sur la nature sponsorisée, et usage approprié des attributs (sponsored, nofollow) lorsque nécessaire.
Durcissement global sur le spam de liens : ce qui change concrètement
Les documents officiels et les analyses post‑updates confirment que la définition de « link spam » s’est élargie et qu’elle est mieux couverte par les systèmes algorithmiques et les actions manuelles. Google référence désormais explicitement le spam de liens dans sa liste de pratiques sanctionnées, aux côtés de la dissimulation, des redirections abusives, de l’abus de domaines expirés et d’autres formes de spam.
Parmi les signaux classiquement associés au spam de liens, on retrouve : les pics soudains de domaines référents sans corrélation avec l’activité marketing réelle, l’usage massif d’ancres exactes ou sur‑optimisées, les patterns de liens réciproques, les liens sur des pages sans trafic réel ni engagement, ou encore les « niche edits » injectés à grande échelle dans des contenus anciens sans logique éditoriale. Les dernières mises à jour de 2024‑2025 semblent mieux détecter ces patterns et neutraliser leurs effets, voire les sanctionner dans les cas les plus agressifs.
Dans les faits, on observe de plus en plus de cas où les profils de liens artificiels ne procurent plus aucun bénéfice net : leurs signaux sont ignorés (devalued) ou compensés par une dégradation des signaux de confiance. Dans les cas extrêmes (PBN massifs, achat/vente systématique de liens dofollow, ancrages purement commerciaux), les sites peuvent subir des actions manuelles et une chute brutale de visibilité, parfois jusqu’à la désindexation partielle.
Qualité de contenu et netlinking : un couple désormais indissociable
Les core updates récents confirment une tendance de fond : le profil de liens est interprété à la lumière de la qualité perçue du contenu. Le système « helpful content », désormais noyé dans les signaux de base de l’algorithme, évalue si les pages répondent réellement à l’intention de recherche, offrent une expérience satisfaisante, et présentent une expertise crédible.
Dans ce cadre, les liens pointant vers un contenu jugé faible (thin content, IA non relue, comparatifs superficiels, guides génériques) perdent mécaniquement de leur valeur, même si l’autorité du domaine référent est élevée. À l’inverse, des liens en moindre quantité mais provenant de pages elles‑mêmes qualitatives, bien positionnées et engagées (clics, temps passé, partages) renforcent fortement la légitimité du site cible. De nombreux témoignages de SEO font état de sites ayant mieux résisté aux updates grâce à un double investissement : amélioration éditoriale et nettoyage du profil de liens.
Autrement dit, on ne peut plus compenser un contenu moyen par un volume de backlinks : la corrélation entre qualité perçue et rendement des liens s’est accentuée. Les stratégies de netlinking gagnantes sont celles qui partent du contenu (création d’actifs éditoriaux dignes d’être cités) et non l’inverse (production de contenus prétextes pour légitimer des liens.
Quels types de liens restent performants (et sûrs) après les derniers updates ?
Dans ce nouveau contexte, les liens qui continuent de produire des effets durables présentent plusieurs caractéristiques communes. Premièrement, ils sont contextuels : intégrés dans un texte de fond, en rapport direct avec le sujet, et apportant une réelle valeur ajoutée au lecteur (ressource complémentaire, donnée originale, étude de cas pertinente). Deuxièmement, ils proviennent de pages qui génèrent elles‑mêmes du trafic organique et de l’engagement, signe que Google les considère comme utiles.
Les liens éditoriaux naturels, issus de citations de marque, d’analyses sectorielles, de benchmarks, de livres blancs, de recherches propriétaires ou de contenus data‑driven restent particulièrement puissants. De même, les backlinks obtenus via des collaborations réellement éditoriales (tribunes d’experts, interviews, contributions techniques) se distinguent des simples placements d’articles sponsorisés génériques : ils s’intègrent dans une logique de construction d’autorité thématique plutôt que de simple transfert de PageRank.
Enfin, l’apport de signaux hors‑lien , mentions de marque sans lien, signaux E‑E‑A‑T (Experience, Expertise, Authoritativeness, Trustworthiness), cohérence entre entités nommées, réputation globale , devient critique. Les derniers core updates tendent à évaluer la popularité et la confiance de façon plus holistique : les backlinks ne sont plus l’unique proxy, mais un élément parmi d’autres d’un « graphe de confiance » beaucoup plus riche.
Netlinking et gestion du risque : repenser l’équilibre entre volume et qualité
Les mises à jour successives de 2024‑2025 forcent les SEO à intégrer une notion clé : la gestion du risque algorithmique. Ajouter des dizaines de liens de faible qualité n’est plus simplement « inefficace » ; cela peut augmenter la probabilité qu’un site soit classé dans une zone grise (dévaluation silencieuse) ou soit visé par une action manuelle, surtout si d’autres signaux faibles (contenu moyen, UX dégradée, duplication interne) sont déjà présents.
Une bonne pratique consiste à segmenter son profil de liens selon le niveau de risque : liens 100 % naturels / earned, liens éditoriaux sécurisés, liens sponsorisés assumés (avec attributs appropriés), liens historiques douteux, réseaux ou fermes. Chaque segment doit être audité régulièrement : désaveu ou suppression des liens manifestement toxiques, réduction progressive de la dépendance aux tactiques borderline, renforcement des sources sûres et scalables (relations presse, partenariats sectoriels, contenu de référence, communautés).
Il devient également pertinent de revoir la cadence d’acquisition de liens : des campagnes « coups de poing » générant des pics artificiels de domaines référents peuvent être perçues comme suspectes, là où une croissance plus régulière, alignée sur la progression du contenu et de la notoriété de la marque, s’inscrit davantage dans le modèle d’un profil sain.
Adapter sa stratégie de netlinking aux signaux de Google post‑update
Face à ces transformations, la première étape est analytique : croiser les dates des derniers core et spam updates avec l’évolution du trafic, de la visibilité et du profil de liens dans Search Console et les outils d’analyse (Ahrefs, Majestic, etc.). Les variations sectorielles observées après mars, août, novembre et décembre 2024, puis les ajustements de 2025, montrent que certains types de sites (affiliation agressive, contenus AI de masse, comparateurs peu différenciés) sont plus exposés.
Ensuite, il est nécessaire d’aligner la stratégie de netlinking sur les guidelines publiques de Google : bannir les achats de liens dofollow déguisés, préférer des partenariats transparents avec balises sponsored/nofollow lorsque l’échange est financier, éviter les échanges de liens en série, limiter fortement le recours aux PBN et aux domaines expirés, et ne pas baser son plan de croissance sur des liens que l’on contrôle soi‑même. La priorité doit être donnée à la création d’actifs de contenu « link‑worthy » (études, outils, données uniques) susceptibles de générer des liens spontanés.
Enfin, la réactivité post‑update est essentielle : si un site est touché, il faut documenter précisément les sections impactées, identifier les patterns de liens associés, entamer un travail de nettoyage (désaveu, suppression, révision des contenus support) et orienter l’effort vers la valeur utilisateur. Les retours de terrain montrent que les récupérations peuvent prendre plusieurs mois et souvent un ou deux core updates supplémentaires, mais qu’un site qui corrige réellement le fond de sa stratégie , et pas seulement quelques ancres , finit par émerger plus solide dans le temps.
Au final, le dernier cycle de core updates de Google confirme un mouvement de fond : le netlinking ne disparaît pas, mais il se professionnalise et se recentre sur la valeur réelle des contenus et des relations éditoriales. Les approches opportunistes, basées sur le volume, les réseaux opaques et le contenu jetable, sont de plus en plus coûteuses en risque pour des gains décroissants.
Les SEO et propriétaires de sites qui tireront leur épingle du jeu seront ceux qui accepteront ce changement de paradigme : considérer le lien non comme une marchandise, mais comme la conséquence naturelle d’une stratégie de marque, de contenu et de relations publiques numériques cohérente. Dans un écosystème où Google traque de mieux en mieux les signaux artificiels, le netlinking durable est celui qui s’inscrit dans une logique de confiance, de transparence et d’utilité pour l’utilisateur final.